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21 octobre 2007 7 21 /10 /octobre /2007 10:39

Conférence de Serge Boimare

Mercredi 13 juin 2007

 

Présentation de Serge Boimare par  Georges Besnard.

 

Serge Boimare est psychopédagogue,

Il est le directeur pédagogique et administratif du CMPP Claude Bernard..

  Serge Boimare est l’auteur de l’ouvrage « l’enfant et la peur d’apprendre », qui a été réédité avec 2 chapitres supplémentaires chez Dunod.

Serge Boimare nous a proposé dans un premier temps de répondre aux questions des adhérents, un deuxième temps sera consacré au débat avec les personnes présentes dans la salle.

 

 

 

1ère question

Comment définir le statut de maître spécialisé dans l’école ?

 

Avant de répondre à la question, Serge Boimare se présente comme psychopédagogue.

Il s’interroge sur ces élèves  intelligents et curieux mais en échec à l’école. 

Il a rencontré peu d’élèves ayant des troubles importants de la personnalité (autistes, psychotiques…).

Il a surtout travaillé avec des adolescents.

  1. Après une première séance de lecture de conte, il a constaté que ces jeunes ne peuvent : dégager l’idée principale d’un texte de 12 lignes. Cette difficulté à mettre du sens empêche le plaisir de lire.
  2.  écrire une phrase correcte. (Pas d’accord verbe sujet)
  3. enchaîner 2 idées consécutives, argumenter et donc s’exprimer.
  4. exécuter trois tâches consécutives.

 

(Il ne faut pas se voiler la face, il y a à l’école 15% d’intouchables.

Que peut-on faire ?

La réponse n’est pas dans les méthodes pédagogiques mais dans le rôle et le regard du maître spécialisé sur la « difficulté »

Le maître spécialisé :

M. Boimare nous fait part de sa conception de la fonction et du rôle du maître spécialisé :

C’est celui qui va trouver et pousser les autres vers la solution.

Il est à un carrefour ;

Il doit encourager les projets d’équipe et les collègues, afin de participer à une meilleure prise en charge collective de la difficulté scolaire.

 

 Son regard et  sa sensibilité particulière  peuvent être le moteur d’une réflexion sur les difficultés  d’apprentissage et  lui permettre ainsi de faire des propositions aux collègues pour travailler avec les élèves en difficulté.

Le rééducateur, lui, dans sa façon de travailler est plus à l’écart.

 

Difficultés d’apprentissage : l’aide est bénéfique pour 50 % des enfants.

 

Dans le groupe, qu’est-ce qui fait la différence entre ceux qui  y arrivent et ceux qui ne changent pas ?

 

 

A. Ceux pour qui ça fonctionne

Ils ont un  manque de (repères, compétences et savoir faire),  on peut  le traiter à l’école par une pédagogie qui démarre dans la classe ordinaire et que le maître E doit aider à mettre en place.

 

B. Ceux pour qui ça ne fonctionne pas.

 

Ils sont dans le «  dérèglement  »

C’est-à-dire :

  1. L’enfant voit monter en lui des émotions, inquiétudes, craintes qui l’empêchent d’entrer dans les apprentissages. (face aux exigences et aux contraintes)
  2. il ne peut faire appel à  ses capacités réflexives.

Imager                       associer                      chercher

            Imager : s’appuyer sur ses propres représentations.

            Associer : faire des liens.

            Chercher : faire des hypothèses.

Il bute sur un monde intérieur pauvre et non sécurisé.

 

Le temps de l’élaboration devient le temps de la déstabilisation.

 

    3. Il a une perte des repères :

        La déstabilisation qui accompagne l’apprentissage, cette rencontre avec l’incertitude peut faire basculer vers l’auto dévalorisation (Je ne saurai pas faire ça.)  ou dans la persécution (mise  en cause du cadre, sentiment d’injustice et mauvais prof).             

Il se protège de quelque chose :

 

Sa  difficulté est d’affronter le doute qui va avec l’apprentissage.

 

La capacité réflexive implique de faire des hypothèses, de faire des liens.

Cette capacité s’appuie sur sa capacité imageante, sa  capacité à se représenter.

Certains enfants ne peuvent imager car ils sont parasités par des craintes ainsi

 Ils évitent de penser pour retrouver un équilibre sécurisant.

Leur sentiment d’insécurité est lié à leurs premières expériences éducatives, à la construction d’un monde interne qui n’est pas assez fiable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les 4 points pour repérer cet empêchement de penser :

 

1) La curiosité primaire (les préoccupations personnelles et infantiles sont sur le devant de la scène)

Les ressorts de cette curiosité primaire sont le sadisme, le voyeurisme, la  mégalomanie. (Ressorts très  utilisés dans la société actuelle si l’on s’en réfère à la télé réalité, les feuilletons, la pornographie…)

 

2) Un fonctionnement intellectuel qui va court-circuiter en permanence toute activité de recherche et de réflexion.

Un appauvrissement des stratégies cognitives qui subissent la loi de la phobie du temps de

Suspension.

Ces enfants ne peuvent pas s’appuyer sur leurs capacités réflexives sans être parasités.

Ils ne peuvent pas revenir à eux, c’est-à-dire s’appuyer sur leurs images, leurs représentations internes pour faire du lien, des hypothèses. À chaque fois qu’ils tentent de faire cet aller-retour indispensable au fonctionnement de la pensée, ils trouvent en eux, non pas des points d’appui, mais des idées d’insuffisance, de manque excessif, d’abandon, de dispersion, d’auto dévalorisation, des craintes identitaires.

Tout le monde connaît ce temps de suspension entre le moment où l’on vous pose une question et le temps de la réponse que l’on ne connaît pas encore. Eux sont particulièrement déstabilisés par ce temps de suspension.

Comme ils ne sont pas des cas psychopathologiques, ils transforment cet empêchement de penser en évitement de penser. Ils décident eux-mêmes de ne plus s’appuyer sur la pensée. Leurs capacités de fonctionnement intellectuel sont mutilées.

Ils prennent du plaisir à refaire les mêmes exercices, ils passent d’une idée à une autre.

Ils font illusion.

 

3) un comportement anti-apprentissage.

Agitation ou endormissement.

Le relais est passé au corps.

Ils mettent alors en place des stratégies cognitives appauvries : inhibition intellectuelle, retrait, conformisme. D’autres échappent à ce temps de suspension en entrant dans la vitesse, l’instabilité motrice.

Ainsi voit-on apparaître l’inhibition intellectuelle ou le conformisme de pensée ou bien encore, l’apprentissage par association immédiate y compris chez des enfants hyper matures intellectuellement.

 

4) l’appauvrissement des compétences langagières ainsi que l’appauvrissement de la capacité à faire des images.

Ils ont une grande difficulté à se décentrer et à écouter l’autre.

Tous ont une maîtrise du langage insuffisante. L’empêchement de penser a toujours des

conséquences désastreuses sur les possibilités d’expression orale.

Le lien se fait mal entre l’extérieur et le monde intérieur sur lequel il faut s’appuyer pour organiser sa pensée.

 On repère un manque de vocabulaire, une pauvreté syntaxique ainsi que l’impossibilité

d’argumenter.

 

 

 

 

La parole est donnée à la salle.

 

Apports et questionnements des collègues présents :

 

v     L’école ne peut pas tout.

v     Les 4/5 des élèves sont en grande difficulté. Les autres sont mobilisables.

v     Les points développés correspondent à des élèves pris en G mais les barrières ne sont pas aussi nettes et on retrouve ces enfants en E aussi.

v      Est-ce de notre domaine,

v     Faut- il faire un travail individuel ou en groupe ?

v      Comment ?

v     Le Maître E est fédérateur d’une équipe.

v     Le rôle du psychologue, les tests. 

v     Le rôle du maître E 

v      Le rôle de l’orthophoniste

v      Le rôle de leader du maître E

v     Travailler sur plusieurs écoles : Faire du chiffre…

v     Quelles stratégies mettre en place.

 

Serge Boimare reprend la parole.

 

Les causes  du manque peuvent  être trouvées mais celles du dérèglement sont de deux ordres.

 Ces 2 causes peuvent se combiner et ça se multiplie.

 

Les causes du dérèglement

 

1. Manque d’intérêt enfant/parent dans les premiers mois de la vie.

Pas d’interaction ni de sollicitation, on le retrouve dans tous les milieux.

Pas de repères temporels.

Enfants uniquement dans le ressenti.

 

2. Manque d’initiation à l’épreuve normale de la frustration.

Pas de cadre.

Jamais d’attente,  de privation ni de souffrance.

 

Il faut d’abord agir dans la classe avec les élèves les + en difficulté.          .

 

2 propositions incontournables à ne pas lâcher de la maternelle au collège:

 

1. Un nourrissage culturel intensif

Chaque jour, de l’école maternelle à la fin du collège, une heure de lecture, faite par un adulte de textes forts ramenant des préoccupations identitaires : contes, mythes -histoires, romans initiatiques, romans parlant de grandes périodes de l’histoire, etc.(médiation culturelle)

Le nourrissage culturel fait d’ailleurs partie des instructions officielles.

 

 

2. Un entraînement à l’expression :

Des Débats/ langage. Une demi heure par jour afin de renforcer leur monde intérieur.

 

Il faut les prolonger dans le temps.

Plus d’un an de pratique est indispensable pour obtenir des résultats. 

Ainsi des écoles le font de la maternelle au CE2 (Genève : école Châteaubriant) :

Tous les élèves en bénéficient.

Les meilleurs deviennent encore meilleurs.

Il faut créer de l’intérêt et du groupe.

Il y a toujours des enfants qui ne supportent pas l’écoute, mais la majorité reste partante.

Par la médiation culturelle, intéresser les élèves, leur proposer des figurations de ce qui les inquiète :

Les préoccupations concernant les origines,

La limitation de son désir pour intégrer le groupe,

Les conflits de génération,

Les angoisses de mort…

 

Il s’agit de passer du trop personnel à l’universel.

 

La Médiation culturelle permet un temps de retour è un débat et un rappel de ce qui a été dit, elle crée des liens pour susciter l’intérêt.

Le Travail  d’expression orale fait partie de ce nourrissage culturel. 

Il faut que les savoirs s’appuient dessus  pour  donner du sens et créer de l’énigme.

 

v  Salle :

v  – créer une culture commune à tous les élèves. Mettre une ossature.

v  Le M E et ses r^les dans les écoles : notion de Maître ressources.

v  è en rediscuter au sein de L’AME.

 

 

Serge Boimare

C’est à définir entre vous pour qu’on ne vous l’impose pas.

C’est du M E que doivent partir les propositions.

 

v  Salle :

v   Propositions d’axes de travail et réflexions de travail ou d’outils utilisables  avec les élèves, questions diverses.

v  Les MACLE d’Ouzoulias chez Retz sont une bonne entrée, c’est  plutôt un  travail de mise en lien.

v  Les Détours pédagogiques.

v  La médiation culturelle est le fondement de la pensée.

v     Les tests et leur efficacité ?

v     Il faut rencontrer une  dizaine de fois un élève pour comprendre ce qui se passe. , donc un test n(est pas suffisant !

 

 

Nos limites en tant que maître E Comment faire ?

v     Travailler sur la durée èfaire quelque chose de différent peut être long !

v     Les  liens dans l’école.

v     Comment mettre en œuvre cette façon de travailler  du point de vue structurel ?

v     Le contenu de notre culture occidentale et le manque d’appropriation de nos objets culturels pour ces élèves en difficulté. cf. Bruner

v     Les échanges culturels avec les élèves. Leurs apports  personnels.

 

 

 

 

Serge Boimare

Points importants :

      1. Les données universelles sont dans les contes du monde entier.

2. La culture met à distance et traite des préoccupations personnelles.

  1. On retrouve les préoccupations (interrogations sur les origines)

 

Ø     Attention aux apports des élèves : il ne faut pas être dans le trop près.

 

Etre dans le chaud et dans la distance

 

En Apportant un texte sur les origines à ceux qui sont en dérèglement.

 

Le Désir doit être confronté à la loi pour qu’ils réussissent à freiner leurs envies, qu’ils trouvent leur place dans le groupe

Leur apporter ces images pour qu’ils puissent s’inscrire dans le monde.

 Donner de la forme aux sentiments, produit  de la cohérence, du sens.

Exemples à traiter :

Les Conflits entre générations (intérêt des 3 petits cochons en maternelle)

Les Epreuves initiatiques  amour, mort, sexualité

 

Pour les Grands non lecteurs :

Lire des textes construction du monde

L es textes mythologiques sont un support intéressant car ils fournissent des éléments essentiels à l’élaboration psychique.

v     Ils sont le creuset de la civilisation dans ce qu’ils évoquent des règles sociales, des rapports entre les hommes 

v     Ils permettent à travers l’écrit la distanciation nécessaire pour intégrer et « digérer » (et donc symboliser) des notions terrifiantes telles que l’inceste, le parricide, l’abandon ou la perte.

v     Ils permettent également d’évoquer le sentiment de toute puissance à travers des héros qui malgré leur force, leur courage à toute épreuve ou leur ruse évoluent, connaissent le doute et parfois l’échec.

v     Exemples

Thésée triomphant du Minotaure puis abusé par son épouse;

Hercule qui dans un moment de folie extermine ses enfants et pour s’en repentir affronte les monstres les plus terribles puis est vaincu par le centaure Nessus, puis qui par sa mort accède à la déification;

Jason qui bien qu’ayant conquis la toison d’or censée lui apporter bonheur et abondance meurt trahi par celle-là même qui l’avait aidé dans sa conquête.

 Tous sont des exemples de héros tout puissants et pourtant ô combien fragiles.

 

Une enquête parue dans un magazine parental : 80% des garçons et 50% de filles entre 12 ans et 14 ans ont vu un film porno sans explication.

 

Le Travail avec les contes de fées peut être aussi porteur que la mythologie.

Lire des contes fait  travailler leur écoute avec des textes courts, forts ….

Ils traitent  des problématiques les + archaïques et conviennent aux plus petits et aux plus en difficulté, ils traitent de leur préoccupations identitaires.


Quelle Progression ? Il faut essayer  et voir ce qui marche.

C’est une médiation pour nous, une armature dans notre travail de pensée è

Il faut choisir une histoire qui nous plaise aussi.

Nous sommes en situation  d’Observation  è

CAD : Quels effets sur nos élèves ?

Ça va nous procurer du plaisir è les élèves vont y prendre du plaisir parce qu’ils s’appuient sur nous.

 

Salle


Nous sommes des Maître ressources :

On nous a demandé de tout faire.

On nous a  tout fait faire.

Le M E est mal préparé –

Quels outils pour des pistes de travail et pour nous aider ?

 

SB

Les élèves en difficulté vont nous mettre en porte à faux.

Il faut s’appuyer sur le texte (garder ce paravent).

Ils posent des questions qui dépassent notre questionnement de pédagogue.

La médiation culturelle nous donne plus de force, on s'appuie sur le texte pour leur répondre.

 

 

Intervention de collègue

Le conte n’apporte pas de réponse. Il ouvre au questionnement.

Publications possibles :

Un Travail de collègues sur les contes

Le débat philosophique avec description de pratiques

 

Intervention de Georges

Cela nous donne des pistes pour l’an prochain et notre travail au sein de l’AME 75

1 L’identité du maître E

2 Entrer en débat avec les élèves.

 

Conclusion de Serge Boimare

L’école a besoin de ressources pour se remettre en route.

Il faut mobiliser toute l’équipe sur les élèves en difficulté.


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